
Le coup d’État du 19 septembre 2006, orchestré par le Conseil national pour la paix et l’ordre (CNPO), reste une date marquante dans l’histoire récente de la Thaïlande. Cet événement tumultueux a interrompu le mandat du Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra, déclenchant une période d’instabilité politique et remettant en question les fondements de la démocratie dans le pays.
Avant le coup d’État, la Thaïlande était dirigée par Thaksin Shinawatra, un homme d’affaires devenu Premier ministre en 2001. Son mandat a été marqué par une croissance économique significative, mais aussi par des accusations de corruption et d’abus de pouvoir. Ses politiques populistes, telles que l’introduction d’une couverture santé universelle et les aides directes aux ruraux, ont gagné la faveur des classes populaires, mais ont suscité des critiques de la part de l’élite urbaine et de l’establishment politique.
L’impopularité croissante de Thaksin Shinawatra a alimenté un mouvement d’opposition soutenu par divers groupes: les partis politiques de droite, les milieux militaires conservateurs, et même certains membres de sa propre coalition gouvernementale. Ce mécontentement généralisé a atteint son paroxysme en 2006, lorsque des manifestations massives ont paralysé Bangkok pendant plusieurs mois.
Les protestataires accusaient Thaksin Shinawatra d’autoritarisme, de corruption et d’ingérence dans les affaires judiciaires. Ils dénonçaient également ses liens avec le groupe mafieux cambodgien, accusé de trafic de drogue. Face à la pression grandissante des manifestants et à la menace d’une intervention militaire directe, Thaksin Shinawatra a été contraint de se retirer de la vie politique en avril 2006.
Le coup d’État du 19 septembre 2006, mené par le général Sondhi Boonyaratkalin, a mis fin à l’impasse politique et a institué une junte militaire au pouvoir. Le CNPO a suspendu la Constitution, dissous le Parlement, et interdit toutes les activités politiques. Cette prise de pouvoir a été saluée par certains comme un moyen nécessaire de restaurer l’ordre et de lutter contre la corruption, mais elle a également suscité de vives critiques de la part des défenseurs de la démocratie et des droits humains.
Le régime militaire a gouverné pendant une période d’environ un an avant de mettre en place une nouvelle Constitution et d’organiser des élections générales en décembre 2007. Ces élections ont vu le retour au pouvoir d’un gouvernement civil dirigé par le Parti démocrate. Toutefois, la période qui a suivi le coup d’État a été marquée par une profonde division politique et sociale dans la Thaïlande.
Les conséquences du Coup d’État de 2006:
-
Instabilité politique persistante: Le coup d’État a ouvert une période d’instabilité politique qui se poursuit encore aujourd’hui. La Thaïlande a connu plusieurs autres coups d’État et tentatives de coup d’État depuis 2006, témoignant d’une profonde fragilité démocratique.
-
Polarisation sociale: Le coup d’État a exacerbé la division entre les partisans de Thaksin Shinawatra et ses opposants, creusant un fossé social et politique difficile à combler. Cette polarisation a eu des conséquences néfastes sur le débat public et la cohésion nationale.
-
Affaiblissement de la démocratie: Le coup d’État a porté un coup sérieux à la démocratie en Thaïlande. L’intervention militaire dans la vie politique a contribué à saper la confiance envers les institutions démocratiques et a ouvert la voie à une gouvernance autoritaire.
Le Coup d’État de 2006 reste un événement complexe et controversé dans l’histoire récente de la Thaïlande. Il souligne les difficultés persistantes que rencontre le pays pour établir une démocratie stable et inclusive. La mémoire de cet événement continue d’influencer la vie politique thaïlandaise aujourd’hui, rappelant les dangers potentiels de l’instabilité et de l’intervention militaire dans la vie politique.
Tableau récapitulatif des événements clés:
Date | Événement |
---|---|
2001 | Thaksin Shinawatra devient Premier ministre |
Avril 2006 | Thaksin Shinawatra se retire de la vie politique suite aux pressions des manifestants |
19 septembre 2006 | Coup d’État mené par le Conseil national pour la paix et l’ordre (CNPO) |
Décembre 2007 | Élections générales organisées par le régime militaire, retour au pouvoir d’un gouvernement civil |
Le coup d’État de 2006 en Thaïlande reste une cicatrice douloureuse dans la mémoire collective du pays. Il sert de rappel constant des défis auxquels font face les démocraties fragiles et des conséquences potentiellement désastreuses de l’intervention militaire dans la vie politique. L’histoire continue à se dérouler en Thaïlande, où le débat sur la nature du gouvernement et le rôle de l’armée reste vif.